Terrifiante,
abyssale, tu infliges à nos regards,
Marins fous que nous sommes de t'affronter.
Un déferlement qui effare, nous rend hagards,
Inconscients de ta puissance et de tes dangers,
Nous bravons avec abnégation
ta furie océane.
Des terres, qu'à regret nous avons abandonnées,
Nous gardons chevillé en nous ce vague à l'âme
Tandis que nos corps plient sous tes cruelles risées.
Les lames furieuses que tu soulèves
contre nous
Viennent balayer notre pont, fouettant les flans
De notre navire de la poupe jusqu'à la proue,
Emportant, çà et là, nos mousses encore enfants.
Ton souffle herculéen repousse
nos membrures
Qui ploient sous la charge de tes assauts enragés,
Tordant la coque du vaisseau à briser l'ossature,
Précaire rempart protégeant nos vies menacées.
Chaloupes balayées, tels
de simples fétus de paille,
Nous privant, pantelants navigateurs épouvantés,
Du moindre espoir de survie devant cette pagaille
Régnant sur nos entreponts par tes flots dévastés.
Ces éléments déchainés,
que tu nous obliges à subir
Brisent un instant notre endurance, mais renforcent
Ce désir profond que nous avons à ne pas mourir,
À lutter contre ta fureur, avec vigueur, avec force.
Combat titanesque dont nous espérons
tous l'issue,
Conscients désormais de nos faiblesses, de notre folie,
Humbles soudain, devant tant de coups de massue,
Nous réalisons l'infini bonheur d'être encore en vie
Guy Vigneau